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Rhodanie n°158








 





  

Les lecteurs se souviennent du stand Les Abeilles sur la route d’Alès à Bagnols. Ils ont oublié que ses fondateurs, Henri et Annette Dalgon, l’avaient initialement appelé Abelarejo de la Espero, nom qui signifie en espéranto Ruche de l’Espérance et résume à lui seul leurs idéaux. Car s’ils avaient choisi de vivre du métier de coiffeur d’Henri et de leur passion pour les abeilles, c’était pour gagner modestement leur vie de leur travail à l’image de ces ouvrières altruistes et organisées pour faire vivre leur communauté sans conflit…

Didier Baude rappelle comment ils s’étaient fait connaitre de toute la région, quelques années à Laudun, avant la dernière guerre, puis à Saint-Laurent-la-Vernède où, à part un séjour de quelques années au Venezuela, ils vécurent jusqu’à la fin, dans leur cher « Maset du Raiol » au confort plus que sommaire.

De ce maset de leur rêve, ils ont inlassablement fait rayonner leurs idéaux, l’originalité et la générosité de leur pensée tant au niveau local, dans le vaste réseau d’amis qu’ils surent se créer, qu’au niveau national par leurs écrits, leur participation à des émissions de télévision et leur fréquentation de penseurs : Eugène Bizeau, Louis Lecoin, Sébastien Faure, Adolphe La Cannelier, le professeur Laborit…

Ils furent des « libertaires », militants de l’« anarchie » ou plutôt de l’« anarchisme » – car il ne s’agit pas d’anarchie dans le sens trivial du terme mais d’une organisation où les hommes et les femmes, dans le respect de la liberté de chacun, refusant la dictature d’un seul, assument en commun l’administration de la Cité, produisent « chacun selon ses moyens » pour « chacun selon ses besoins ».

Lourde responsabilité qui permet cependant de dominer l’agressivité qui conduit aux horreurs de la guerre et de propager le « pacifisme » et, plus loin encore, le « mondialisme » prôné par Garry Davis : l’union entre les hommes du Monde entier bien loin de la mondialisation capitaliste actuelle ! D’où l’effort qu’ils firent d’apprendre à lire, écrire et parler l’esperanto, langue universelle et leur incessant combat qui suscita l’adhésion d’un nombre considérable d’hommes et de femmes mais aussi le chapelet des communes « mondialisées » qui, dans ces années d’après-guerre, se répandit comme trainée de poudre – ce qu’on a maintenant, hélas, trop oublié…

C’est l’année même des 150 ans de la Commune que Didier Baude a choisi de raviver le souvenir d’Annette et Henri Dalgon car le peuple était en passe d’y réaliser leur idéal en montrant sa capacité à se gouverner lui-même. Audace que les puissants s’empressèrent de réprimer dans le sang…